Week-end bourgeois

Il parait qu’on n’a pas besoin d’aller très loin pour faire du tourisme et sortir de son quotidien. Alors prenant cette devise au mot, après Lyon, Blois et les châteaux de la Loire, c’était au tour de Bourges de recevoir ma visite ce week-end. L’intérêt de ce genre de week-end c’est de pouvoir partir sans prendre de jour de congés ET de découvrir beaucoup pour pas trop cher. C’est pourquoi j’ai opté cette année pour un thème de voyage qui est:« voyager à plus de deux heures de Paris ».

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Pourquoi Bourges ?

Parce qu’elle combinait de nombreux avantages : proche de Paris, une ville médiévale et la possibilité de se balader dans la campagne sans voiture. C’est une petite ville et une seule journée pourrait suffire à en faire le tour, mais quand on est entre copines – ce qui était mon cas – il faut compter le temps de discuter, boire, discuter, prendre un café, discuter, et encore boire un peu. Autrement dit, du temps pour se retrouver sans avoir l’impression de rater une attraction touristique indispensable. Bourges était parfaite pour tout ça. Et entre ces discussions on a tout de même visité quelques monuments qui passaient par là. Voici un petit aperçu de ce qu’il y a « à voir, à faire » à Bourges.

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  • Balade dans les marais

Avant d’y aller je l’ignorais mais autour de Bourges se trouvent des marais, de ces marais qui empêchent toute construction et qui se sont donc vu attribuer une nouvelle fonction : celle de jardins communaux.

Les marais ont été aménagés en canaux autour desquels s’organisent  petits ou grands jardins où les habitants de Bourges viennent cultiver leurs fleurs et leurs potagers, ou encore faire les barbecues du dimanche. Une balade dominicale à ne pas rater surtout sous ce soleil de début de printemps ! Je vous laisse en juger par vous-même.

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  • « A vaillant cœur rien d’impossible » – Le Palais Jacques Coeur

Ceci n’est pas la devise de Bourges mais de son plus célèbre habitant Jacques Cœur, argentier de Charles VII (le même que celui de Jeanne), qui a laissé à la ville son superbe palais, appelé auparavant Grand’Maison. Et forcément, c’est LA visite touristique à ne pas rater à Bourges.

La visite du Palais Jacques Cœur peut se faire avec un guide conférencier – le dimanche matin à 10h30 par exemple – et, surprise, la conférencière est géniale ! Les explications sont peut-être un peu rapides pour quelqu’un qui n’a jamais fait d’histoire médiévale mais tout est dit, pas un mot de trop ou de trop peu.

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Bourges un dimanche matin sous le gris. C’est pas jojo mais on est tranquilles.

Pour l’histoire : Jacques Cœur était un négociant qui a fait fortune sur la route des épices, avec une jolie flotte qui parcourait la méditerranée depuis Damas jusqu’à Marseille en passant par Venise. L’argent rentre dans les caisses et il en prête à son bon roi Charles VII qui doit encore négocier et racheter les terres prises par les Anglais lors de la guerre. (C’est d’ailleurs Jacquot qui est régulièrement envoyé pour négocier). MAIS il fait rarement bon être plus riche que le Roi, en particulier quand on est son débiteur. Pour éviter d’avoir à rendre un jour l’argent, Charles VII le fait arrêter sous couvert de nombreuses accusations.

C’est peu avant son arrestation que Jacques Cœur fait construire sa grande demeure à Bourges. Cette architecture inspirée des palais italiens n’existe pas encore en France, il l’impose à Bourges 50 ans avant tout le monde. Elle servira de modèle pour la construction du Palais des échevins – les échevins étaient à peu près les conseillers municipaux de l’époque – se situant quelques centaines de mètres plus loin.

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  • Bourges ville médiévale

En se baladant dans le centre historique de Bourges on croise vieilles maisons à colombages, palais municipaux, quelques musées et au bout de cette ilôt médiéval se trouve la Cathédrale. Toute  gothique (construite au XIVe) elle est très impressionnante par ses dimensions, et ses tympans valent bien un petit « woaw » d’admiration.

J’ai aussi beaucoup aimé le Musée Estève installé dans le Palais des échevins. On y est entrées sans trop savoir ce qu’on allait y trouver et finalement ce fut une belle découverte. Maurice Estève est un peintre non figuratif du XXe siècle qui a vécu au sud de Bourges. De ses premières toiles aux plus célèbres (apparemment surtout célèbres chez les scandinaves) on voit la lente évolution du peintre, sa recherche  de lui-même qui passe par les courants impressionnistes, fauves, cubistes.

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Où s’arrêter pour manger? Boire? Prendre un café?

Bourges est une petite ville, vous n’aurez donc pas des coffee shop à foison pour vous poser, mais il y a au moins quelques adresses qui  vous accueillent dans une ambiance cosy pour déguster un chocolat chaud. Et elles sont ouvertes le dimanche!

  • Les 3  cuillères, 38 rue Bourbonnoux. Entre le palais Lallemand (musée des arts déco) et la Cathédrale. Pas très grand, avec des romans, des BD et des jeux pour ceux qui voudraient patienter avant de reprendre leur train. Très vite plein.
  • L’envers du Café, 3 rue Pelvoysin. Le concept n’est pas assez abouti. Le lieu est divisé en plusieurs salles avec chacune une déco particulière, des chaises, des sofas, de quoi se mettre à l’aise. Mais les salles sont encore trop grandes pour trop peu de déco.
  • Cake thé, 74 rue Bourbonnoux. Je n’y suis pas allée mais de dehors il donnait sacrément envie. Il s’agit plutôt d’un salon de thé situé sur la « promenade des remparts » (promenade minuscule mais adorable)
  • Pour manger vous trouverez plusieurs bons restaurants de cuisine française (c’est à dire pratiquement que de la viande) et qui sont indiqués dans la plupart des guides voire par des panneaux dans le centre ville. Le plus connu étant surement le Louis XI. 

Chronique parisienne 4 – Une semaine féministe

  • Expo du moment – « Présumées coupables » aux Archives Nationales

Pour finir cette semaine toute féministe je suis allée samedi dernier au CARAN, le centre des Archives Nationales au cœur du Marais, pour y voir l’exposition « Présumée coupables ». Malgré le monde – qui eut pensé qu’une expo sur ce thème serait bondée ? – je suis sortie plutôt satisfaite de cette visite.

Pièces d’archives à l’appui, l’expo retrace cinq  types de condamnation en justice pour les femmes depuis le Moyen-âge jusqu’à la Libération : les sorcières, les empoisonneuses, les pétroleuses, les collaboratrices et les infanticides. Cinq crimes majeurs qui conduisent des femmes en procès,  crimes pour lesquelles elles sont souvent condamnées, mais pas toujours ! L’exposition détaille non seulement le déroulement des procès mais également les processus qui conduisent ces femmes à se retrouver en Justice : délation, profils particuliers (âge, vie marginale, etc), situations difficiles qui poussent au meurtre ou à l’abandon de son enfant, …

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Le CARAN – Centre de Recherche des Archives Nationales
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Cour de l’Hôtel de Soubise

Le gros plus : les archives sont dans les vitrines, passionnantes pour qui est paléographe mais peu évocatrices pour les profanes MAIS des écrans proposent la transcription des textes en vieux français et également la traduction en français d’aujourd’hui. On peut ainsi lire les procès verbaux de dizaines et de dizaines de femmes qui décrivent leurs danses sataniques, le calvaire de l’inceste, ou encore les raisons de leur « collaboration horizontale ».

Même si on s’y connait sur certains sujets – par exemple le Moyen-Âge – on apprend forcément quelque chose sur les autres périodes : pour ma part je ne connaissais rien aux pétroleuses, et je n’avais jamais eu l’occasion d’en savoir plus sur les femmes tondues de la libération que ce que nous offrent à voir les films de l’époque (qui sont très durs à regarder je trouve).

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Enfin : avoir accès à des documents d’archives est pour moi quelque chose de toujours émouvant, qu’il s’agisse de procès du XIIIe siècle ou de lettres de Louise Michel. Permettre que cette mémoire commune soit diffusée à tous même sur de courtes périodes, seulement lors d’expositions, est primordial ! Il est donc important d’encourager les Archives Nationales qui organisent régulièrement des expositions, souvent quelque peu politiques, et toujours passionnantes !

L’exposition a lieu à l’Hotel de Soubise, rue des Francs-Bourgeois (métro Rambuteau) jusqu’au 27 mars 2017 – 6€ l’entrée plein tarif

Pour en savoir plus: site des archives nationales

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  • Un magazine: CAUSETTE

Il y a deux mois alors que j’attendais patiemment le RER pour rentrer chez les parents en trainant dans le Relais du coin j’ai décidé d’acheter Causette, ce magazine féministe que je n’avais jamais ouvert. J’avais dans les poches tout pile le prix, les textes avaient l’air de valoir le coup, adjugé-vendu ! J’ai eu raison. Malgré le prix prohibitif – mais c’est le cas de tous les magazines il me semble – j’ai dévoré le numéro de janvier, j’ai fait exprès de le laisser chez mes parents, chez mon copain pour le faire lire au plus de monde possible. Causette adopte un ton très ironique, impossible à apprécier si vous n’êtes pas trop second degré : des chapeaux politiquement incorrects comme « Aimer les enfants c’est ne pas en faire ? » pour n’en citer qu’un, avec une ligne éditoriale avant tout féministe mais qui parle aussi beaucoup de politique, des reportages inédits sur d’autres parties du monde. Bref un ensemble qui me plait : je trouve toujours un article à lire selon mon moral. Petit bémol : je pense ne pas être tout à fait d’accord avec leurs critiques culturelles, pas assez critiques justement, à l’inverse du reste du magazine.

 Pour celles – ou ceux –  qui trouveraient cela trop cher, pensez à regarder dans votre médiathèque, la mienne l’achète chaque mois, et un abonnement à la médiathèque est toujours moins cher.

  •  Podcast: « Le dictionnaire du féminisme » sur France Inter

Je me suis longtemps dit qu’il faudrait que je profite des tâches répétitives au boulot pour écouter des postcasts, c’est chose faite cette semaine après avoir vu passer sur twitter une annonce pour un épisode de « La marche de l’histoire » de Jean Lebrun –France Inter – sur le féminisme, ou plus exactement sur le Dictionnaire du féminisme, paru il y a peu aux Presses Universitaires de France sous la direction de Christine Bard.

Christine Bard n’est pas une inconnue, c’était la prof de Jéromine, l’archivoyageuse, pendant sa licence d’histoire, et c’est surtout celle qui a fondé en 2000 le centre d’archives du féminisme. Pourquoi un centre d’archives ? Parce que dès le départ les féministes, et  les associations féministes ont produit de nombreux documents, collectés et réunis en 3 lieux : la Bibliothèque de Documentation Internationale Contemporaine et la Bibliothèque Marguerite Durand à Paris, et la BU d’Angers où le fonds d’archives est accompagné d’un fonds documentaire unique de 10000 ouvrages sur le thème du genre et du féminisme.

 Pour en savoir plus je vous conseille, bien entendu, d’écouter le podcast !

Dali & Shaxi – La dolce vita en Chine

Il existe un train de nuit qui va de Jianshui à Dali et qui n’est pas indiqué dans les guides. La gare est nouvelle elle aussi, et introuvable pour quelqu’un qui n’est pas de la ville : un bâtiment fermé la moitié de la journée, entouré de tentes qui vendent de quoi se sustenter pour la nuit. Ce train est bien pratique, il nous a permis d’arriver au matin à Dali, après une bonne nuit de sommeil #lovelescouchetteschinoises, prêtes à entamer notre découverte du centre du Yunnan : de Dali à Shaxi.

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Les monts Cangshan

Dali – 2000m d’altitude, région de la minorité Bai, la vieille ville encore charmante  s’étend aux abords du lac Erhai.On construit  partout à Dali, enfin partout en dehors de la vieille ville, il parait que c’est le Saint-Tropez chinois, un Saint-Tropez au milieu des montagnes qui a fait disparaitre peu à peu les activités traditionnelles de pêche autour du lac, les villages sont devenus touristiques et pourtant il y  reste un petit quelque chose de reposant et de simple. ce petit quelque chose qui la rend incontournable.

  • Dali – la flâneuse

Dali est un havre de paix pour touristes occidentaux fatigués de voyager. Et c’est aussi un lieu de rencontre des expats qui ont trouvé refuge en Chine. La vieille ville ceinte de murailles est suffisamment petite pour qu’on en fasse  le tour en une journée, mais elle donne envie de s’y arrêter pendant plusieurs jours pour ne rien faire : siroter un thé froid, regarder les passants, traîner dans une librairie et sortir boire un verre chez Ghuilain, un français d’Angoulême installé ici depuis 7 ans.

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L’un des nombreux café de Dali, j’aurais pu rester ici des jours et des jours, le temps de tous les tester.

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En deux jours on reconnait déjà des gens, on sent que les expats sont heureux de pouvoir discuter un peu du pays, de l’Europe, on salue les gens dans les rues, on se sent très vite chez soi à Dali. Dans les rues aux vieilles maisons qui n’ont rien perdu de leur charme se suivent les cafés cosy – on se croirait dans le 11e à Paris – les boutiques touristiques mais aussi les petites boutiques plus typiques où on peut manger des mets étranges, traditionnels de la région. Mais nous ce qu’on a préféré faire c’est suivre un cours de cuisine pour enfin apprendre à faire les dumplings qu’on aime tant !

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Moment selfie obligatoire au bord du lac

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  • Dali la sportive

Coincée entre les monts Cangshan et le lac Erhai il est très facile de se mettre au sport à Dali. On a laissé tomber les randos – sans plan, sans s’y connaitre beaucoup, mieux valait ne pas tenter le diable, sans compter que des rumeurs de brigandages courent dans le coin – mais on a loué des vélos pour pédaler aux abords du lac et prendre notre selfie  au milieu de dizaines de chinois faisant de même.

Le lac est immense et malheureusement la route ne le suit pas toujours, je pense que pour mieux en profiter le scoot est, là encore, une meilleure option, si on souhaite aller jusque dans les villages en tout cas.

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La plaine de Shaxi et les montagnes jamais très loin
  • Shaxi – enfin au calme

Nous avions prévu un jour de rab dans notre planning au cas où: ce fut une évidence en arrivant à Shaxi que nous allions l’utiliser pour rester ici deux jours au lieu d’un seul. Sur la route du thé et de chevaux – rien que ça – Shaxi est une petite ville, presque un village, située à 2h de Dali et de Lijiang, et elle a la particularité d’être entretenue par une association suisse qui la préserve encore du tourisme de masse. Un peu d’authenticité dans cette Chine de la modernité.

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Vieux théâtre sur la place du village

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On n’en est certes plus aux boutiques artisanales, ces dernières sont remplacées par des cafés cosy et des magasins de babioles – cartes, bouquins – qu’on aime trouver dans nos villes occidentales, mais l’ambiance y est calme, reposante. Une seule grande rue traverse la ville pour descendre vers la rivière et atterrir dans les champs. Au centre du village une grande place où se font face un temple et un vieux théâtre. Tous les bâtiments sont merveilleusement bien conservés, et notre auberge, qui se situe sur la place ne fait pas exception. Rester un jour de plus à Shaxi c’est rester un jour de plus à boire un thé avec vue sur les montagnes, à profiter de la Chine rurale.

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  • Shibaoshan – les monts du trésor de pierre

C’est à ce moment de calme et de volupté que deux énergumènes font irruption dans nos vies : Naftali et Ian, deux jeunes backpackers de 21 ans qui voyagent ensemble depuis 3 mois. L’un est israélien, l’autre américain et ils nous ont repérées depuis Dali. (Il faut dire que la plupart des voyageurs empruntent les mêmes routes au Yunnan, on est peu mais on se retrouve vite malgré l’immensité de la Chine). C’est le moment de donner un tournant plus sportif à notre séjour : ils nous proposent de nous emmener en rando dans les Shibaoshan, ces montagnes non-loin de Shaxi qui abritent des grottes et temples, et surtout l’idée est d’y aller en stop. C’est tellement bon de ne prendre aucune décision qu’on se laisse guider.

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Les nuages qui stagnent autour de Shibaoshan ajoutent à l’ambiance mystique du lieu, les cris des singes dans les arbres et ce long escalier menant aux temples encore cachés par les épais feuillages nous transportent dans une Chine encore inconnue. A 3000m d’altitude la montée est assez rude mais les temples sont superbes, la vue à couper le souffle et on est heureuses d’avoir fait des efforts.

Que faire à Shibaoshan ? Il s’agit en fait d’un parc, payant comme absolument tout ce qui est touristique en Chine, qui abrite plusieurs temples dans les montagnes, plusieurs randos sont alors possibles. Nous nous sommes contentées de la première, la plus accessible. Compter 2h de rando pour faire le tour de 3 temples et avoir un point de vue sur les montagnes. Pour les plus sportifs, les autres montagnes valent probablement le coup.

Une chose est sûre : Shaxi doit être un passage incontournable d’un voyage au Yunnan ! Jugez plutôt…

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Se rendre à Dali et Shaxi:

  • le train depuis Kunming ou Jianshui (nouvelle ligne) vous dépose à Xiaguan la nouvelle ville. D’ici il faut prendre le bus pour se rendre à la vieille ville
  • Un aéroport dessert la ville
  • Shaxi: bus depuis Dali à prendre à la station de Bus, la plupart du temps ce sera indiqué dans les auberges. Le bus nous a abandonnées sur une aire au milieu de rien où un mini-van est venu nous chercher. On ne sait pas comment, ni pourquoi, mais nous sommes arrivées à Shaxi dans les temps prévus et sans problème.

Où dormir:

  • Dali: Jade Emu guesthouse, juste après les remparts de la ville. Très bonne auberge avec une cour agréable, et possibilité de manger des pizzas (ce qui est un luxe après plus de 2 semaines à manger du riz)
  • Shaxi:Shaxi horse pen 46, auberge dans une vieille maison bai avec cour, porte qui ouvre sur la rivière, vue sur les montagnes. Et surtout DEUX GROS CHIENS baveux à cajoler. Sur la place du village.

Cours de cuisine à Dali: Rice & Friend

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