Pékin et la Muraille.

Pékin nous a accueillies dans la nuit, après 27h de voyage. 27h c’est long sur le papier, mais après ce long mois on avait nos habitudes. Les vêtements choisis méticuleusement pour aller aux toilettes quand on voulait, se changer facilement, se mettre à l’aise. La nourriture en quantité suffisante et même plus peur de tester les bonbons bizarres que nous proposent les vendeurs ambulants. J’ai fini mon livre du moment – je lisais alors « l’amie prodigieuse » d’Elena Ferrante – et j’ai enfin eu le courage, et pas d’autre choix, de commencer « L’amour au temps du choléra »de Gabriel Garcia Marques . On a regardé le paysage défiler en essayant de deviner sur la petite carte de Chine du Routard où nous pouvions bien être. De quelles villes venaient les lumières qu’on voyait défiler du train. Et au bout du train l’une des gares de Pékin, je veux dire Beijing. Du monde partout, une queue qui nous ferait cauchemarder à Paris, ici on  n’était pas pressées, encore en vacances, on s’y attendait à ce monde. On était arrivées à Pékin après tout: 21 millions d’habitants plus les touristes.

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Pékin nous a accueillies comme partout ailleurs en Chine : avec des danses et des passants qui nous aident à trouver notre chemin. Un chemin incertain qui se faufile au milieu des hutongs, à quelques pas d’un quartier des affaires.Ici nous prendront un starbuck le matin, nos tongs jurant avec les escarpins des femmes qui travaillent dans la tour HSBC.

On n’a pas trop aimé Pékin. Enfin non. On a aimé Pékin, mais on a aimé ce qu’elle doit être au printemps, en automne. Sûrement pas en été où la chaleur sèche étouffe, où la vision de ces millions de touristes oppresse. Et on en a conclu que Pékin n’était pas une étape de fin de voyage. Alors un autre jour, on commencera un nouveau périple en Chine à partir d’ ici.

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Lumière blafarde pour chaleur étouffante. On cherche un coin d’ombre loin de la foule.
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Cité interdite – Enceinte nord de la cité
  1. La cité interdite

La cité interdite, la place Tian anmen, le mausolée de Mao: ces incontournables de la Chine qu’on a visités au pas de course, plus par devoir que par plaisir. On en avait rêvé pourtant de  cette merveilleuse cité interdite. Mais après la place du village de Jianshui, le grand édifice rouge qui domine la place m’a paru presque petit. Et ce monde, ce monde mon Dieu ! Nous n’avions qu’une hâte : sortir à toute vitesse de cet endroit.

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De la beauté des boiseries chinoises. Je ne me remettrai pas de toutes ces couleurs et ces dorures.
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Un havre de paradis en pleine cité interdite? Surement s’il n’y avait la horde de touriste.

S’il avait fait plus frais, s’il y avait eu moins de monde nous aurions sans doute pris le temps d’admirer ses différents palais. Les boiseries décorées, la multitude de toits qui s’étendent jusqu’à la colline, la perspective impériale qui s’ouvre devant nous à chaque porte. Mais il était impensable de traverser la place. Il fallait trouver vite un endroit où se poser, un endroit où manger, boire un coca frais – sans glaçon – et essayer d’apprécier Pékin.

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La lumière s’adoucit, le parvis est presque vide: le temple des lamas nous fait du bien immédiatement.
  1. Temple des lamas et les hutongs

Ce que je retiens de Pékin ce sont les hutongs, j’ai tellement aimé que je n’ai même pas trouvé le temps de sortir mon appareil pour en faire quelques photos. A l’ouest des lacs, non loin de la cité interdite, nous avons marché dans les hutongs.Il n’y a rien de fameux, mais pour une fois il n’y a personne. Ça ne respire pas l’attraction touristique, ce sont simplement de vieux quartiers laissés en l’état, et il y en a partout en ville. Nous sommes arrivées ainsi jusqu’au temple des lamas. Un must do de Pékin. Il faisait plus frais, peut être du fait des arbres, de l’architecture dégagée, de l’ambiance propre aux temples bouddhistes. Ici nous avons eu le temps d’admirer les boiseries, dehors, dedans, assises, debout, en discutant, en nous taisant.

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Profusion de décors. C’est un temple où les fidèles viennent encore en nombre pour prier.

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Près du temple se trouvent encore d’autres hutongs, plus vivants. Ici un café, typique des cafés chinois on le sait maintenant, avec un thé glacé pris bien installées dans un canapé, des bouquins partout, et en même temps un petit quelque chose de très chinois. De cette modernité chinoise particulière : tout est calme, nonchalant. La vie à la chinoise. En face des petits vieux ont sorti leur sofa et discutent en regardant les passants. Il y a des cartes par terre car ici aussi on joue sans cesse.

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Le seul hutong que j’ai pensé à prendre en photo.

Cette après-midi aura été placée sous le signe du cool. En déambulant presque au hasard dans les rues où se trouvent des magasins, des boulangeries, des cafés puis des temples on profite enfin de la vie pékinoise qu’on nous a vendue tout au long de notre séjour. Lorsqu’on rencontrait des étudiants venus faire une année à l’étranger notamment. C’était une image qu’on ignorait avant d’arriver en Chine, une image de Pékin en nouveau Berlin. Mix des villes du sud et de culture underground avec une grosse dose de chinoiseries.

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Jinshanling – une portion à la fois rénovée et sauvage de la muraille.
  1. Je me prends pour Mulan à Jinshanling

On a les références qu’on peut, et moi j’avais Mulan en tête lorsque je marchais sur la Muraille. Ici encore l’excursion était organisée par notre auberge:  Jinshanling est assez loin de Pékin, elle est aussi plus sauvage tout en étant restaurée. C’est une vraie rando : quelques heures sous le cagnard, on transpire instantanément, ça descend et ça monte surtout. Tellement qu’il faut souvent s’aider des mains: « Like a monkey » nous dit la guide hystérique et tyrannique dont on ne comprend que quelques mots d’anglais mais qui arrive à effrayer tout le groupe.

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A Jinshanling on peut être parfaitement seul à certains moments. Il faut faire attention, il s’agit d’une véritable ascension dans une ruine.  On doit aider une Coréenne qui se sent mal. Heureusement il existe des chemins pour redescendre facilement, et en particulier le chemin chinois – autrement dit le téléphérique. Il est difficile de se rendre compte que nous y sommes. La Grande Muraille. Sous un soleil qu’on distingue malgré l’épais voile  de pollution. Un soleil qui ressemble à ces soleils d’Asie, rond,voilé, qui dégage cette lumière si particulière de fin d’été, nous chauffant jusqu’à l’épuisement. On aura marché sur la Muraille. Et ça aura été fatiguant !

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  1. Quitter la Chine

L’homme en vêtements de travail orange est toujours au bout de la rue. Accroupi sur ses pieds il arrive dès 5h, se met dans cette position et repart le soir. Consciencieusement chaque jour il se pose sur son semi trottoir et regarde. La rue est pleine de poussière et le béton n’est pas encore posé. C’est sûrement une partie de son travail. Ou peut-être est-il simplement chargé de surveiller l’entrée de la rue. A quelques mètres de là un homme hèle le bus pour les passants. Il ne monte pas dedans puisque c’est son métier : héler le bus. A l’heure du repas il prend un poulet rôti chez le marchand du coin, un marchand qui a la cote. Tout le monde s’y presse, prêt à faire de longues minutes de queue. Nous avons cédé nous aussi. C’était simplement un poulet, un peu sec et pas facile à manger sans couverts. Un starbuck  à la main  je reviens vers l’auberge. De la terrasse je vois les tours d’affaires, les toits des temples et ceux des hutongs. Un chien sur la maison d’en face et le vieil homme toujours accroupi à l’entrée. Il est temps de prendre le métro, l’avion et de revenir, épuisée mais heureuse, convaincue que je reviendrai bientôt.

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Au coucher du soleil avec vue sur la cité interdite. Mais ce qui est intéressant c’est cette nouvelle classe de touristes chinois. Ils sont légions dans tous les coins du pays.

En Pratique :

  • Prévoyez une excursion sur la muraille avec votre hôtel ou auberge, elles sont chères mais éviter la difficulté de s’y rendre par ses propres moyens vaut le coup ! En prime vous aurez l’éternel déjeuner en groupe dans un restau du coin, ça permet de goûter à de nombreux plats qu’on ne commanderait pas soi-même.
  • Prévoir de bonne chaussures et de grosses bouteilles d’eau pour la rando. Un homme vous vendra un coca hors de prix (prix parisien) à un endroit stratégique de la muraille, mais si vous pouvez l’éviter…
  • Pékin n’est pas une si grande ville. Ou plutôt le centre historique se fait à pied quand on aime marcher de longues distances. Comparé à Chengdu ou Canton les arrêts de métro sont plus rapprochés. Le métro dessert tout, et surtout il est à seulement 30min de l’aéroport en train direct.
  • Si vous pouvez trouver un logement dans les hutongs c’est le must : plus calmes, quartiers traditionnels, ça donnerait envie de rester dans son auberge tout le temps.

Interview d’expat – Caroline chez les Pictes

Je suis très heureuse de vous présenter mon deuxième épisode des « interview d’expats »! J’ai un peu traîné, moi qui pensais en publier un par mois MAIS je me rattraperai très vite. Promis. Aujourd’hui c’est ma très bonne copine Caroline qui s’est prêtée au jeu de l’interview.

Quand j’ai rencontré Caro elle me parlait déjà d’Ecosse, il faut dire qu’elle avait vécu un an déjà au Pays de Galles donc les paysages pluvieux et très verts avec des châteaux ça la connaissait. Puis elle a réussi à partir et en quelques semaines elle était tout à fait installée. Alors presque trois ans après: qu’est ce que c’est d’être expat en Ecosse?

Salut Caro, qu’est ce que tu fais en Ecosse ? 

Je suis en Ecosse depuis Aout 2014, d’abord à Glasgow pour mes études et après à Edimbourg depuis Aout 2015, pour le travail.

Où vis-tu ?

Dans la capitale écossaise Edimbourg. Cela a été un rêve de plusieurs années de venir vivre en Ecosse et spécialement à Edimbourg. Beaucoup de personnes (Français et Ecossais) me demandent « pourquoi l’Ecosse ? », et c’est toujours difficile de faire comprendre que l’ambiance du pays et le mode de vie ici me correspondent plus qu’à Paris.

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Edimbourg et sa pierre noire
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Glasgow – Université « Harry Potter ». Une ville jeune, une ambiance de fête et une culture alternative.

Quelles différences notables avec la France ?

Une fois passée la barrière de la langue (surtout des accents !), on se rend compte qu’il n’y  a pas tellement de différences dans la vie quotidienne. Les soucis et les envies ne sont pas si différents que ceux des Français – Français et Ecossais ont tous les mêmes sujets de conversation autour de la table au repas de Noel par exemple

Pour une différence plus marquante peut-être : le système scolaire. De la primaire à l’université, les Ecossais ont essayé de se concentrer sur l’inclusion : les classes sont très mixtes (niveaux de vie, capacités..) et la différence de l’autre est –en surface- acceptée.

Sinon, s’il y a quelque de chose de bien britannique,  c’est le « politiquement correct ». Les Ecossais (sobres) ont une telle maîtrise d’eux-mêmes : pas de disputes dans les files d’attentes, pas de bousculades dans les transports en commun, pas un mot plus haut que l’autre, excuse me sir, please, may I help ?  (Par contre, à la nuit tombée, à la sortie du pub et l’alcool aidant, certains deviennent WILD.)

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Oban – le port de départ pour les Hébrides
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Eilean Donan Castle – Le plus célèbre des châteaux creepy d’Ecosse

As-tu rencontré des difficultés lors de ton arrivée/ton installation ?

Pas spécialement de difficultés liées à l’Ecosse: pour l’instant, pas besoin de visa ou même de permis de travail. Mais on rencontre les difficultés de base que les expats connaissent tous : ouvrir un compte en banque, trouver un logement…

Ah si, il y a eu une difficulté spécial « Edimbourg » : trouver un logement au mois d’août. A cause du festival, les loyers flambent juste pour le mois et une grande partie des appartements est louée à des touristes venus pour le festival (ne parlons pas des hôtels et auberges de jeunesse).

Si vous cherchez un appart à Edimbourg, essayez plutôt en mai-juin ou il faudra casser la tirelire.

Y a-t-il des choses qui te manquent de la France ?

Une bonne boulangerie.

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Edimbourg – Princes street la rue principale de New Town
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Edimbourg – Victoria street entre New Town et Old Town

Quelles habitudes as-tu prises ici ?

Je suis en général plus zen en Ecosse – dans les transports, sur la route… dès que j’arrive à Paris, j’ai la tension qui monte d’un coup !

Qu’as-tu visité dans le pays/la région

J’ai vu Edimbourg en long en large en travers, et je suis sûre qu’il y a encore beaucoup à voir ! Mais mon souvenir préféré c’est la fois où j’ai loué une voiture pour monter dans les Highlands, les lochs, les montagnes (que les Ecossais appellent « Ben »), les vues à couper le souffle.

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Les Pentlands – Des minis montagnes à quelques minutes d’Edimbourg, de quoi randonner le dimanche en pleine nature
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A chaque saison l’Ecosse prend des couleurs différentes et un nouveau paysage s’offre à vous
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Pas très loin de Glasgow se trouve Glencoe et les three sisters – un incontournable de l’Ecosse.

Quels prochains voyages/découvertes sont prévus ?

Pour les prochains voyages en terre écossaise, j’aimerais beaucoup aller dans les Shetlands pour le festival viking Up Helly Aa, (dernière semaine de janvier) peut-être l’année prochaine ? Mais mon prochain voyage est un peu plus « exotique », je pars au Brésil : Rio, les chutes d’Iguaçu ..

Ce que tu conseillerais de faire/voir absolument en Ecosse et à Edimbourg ?

3 jours à Edimbourg – les visites guidées de nuits dans les ruelles sombres de la ville sont un must + une nuit à Glasgow pour faire l’expérience des bars et des concerts, et une semaine minimum en voiture dans les Highlands pour en prendre plein des mirettes. Les plus courageux peuvent planter leur tente et camper. Je conseillerais de visiter une île, Skye ou la plus petite et belle Arran. C’est très beau et on prend un bon bol d’air pur.

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Vacances  en automne pour découvrir l’île d’Arran trop méconnue

Des endroits où sortir ?

Faire la fête ? Glasgow ! des bars très sympas à tous les coins de rue, dans le West end surtout. A ne pas rater : participer à un ceillidh. Danses écossaises, et whisky pour vous réchauffer.

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Pub dans le West End à Glasgow.  Ici le pub est une institution!

Quelle est la super découverte de ton nouveau pays qui n’existe pas ailleurs ?

La culture du pub, aller dans un bar, se rechauffer, voir ses amis, boire un verre.

Est-il facile de rencontrer des gens ?

Super facile, surtout avec l’accent français . Allez dans un pub, même le plus reculé et vous vous retrouverez toujours à discuter avec un local. Mes amis écossais, je les ai rencontrés sur le pas de ma porte (histoire vraie) car c’étaient les voisins !

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Arthur’s seat – le sommet d’Edimbourg, une ascension pas si facile sur une falaise sauvage qui donne une vue sur tout Edimbourg… et sur la mer du Nord.
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Edimbourg et les Paintlands au loin – Vue depuis le Museum of Scotland

Et une autre expatriation ?

Je pense repartir à un moment mais j’espère que l’Ecosse restera mon point de chute final.

Ressent-on une identité écossaise très forte ? Est-ce qu’on parle beaucoup du Brexit ?

Oui, venez à Edimbourg pendant les 6 nations pour voir ! Dans les mois qui ont suivi le Brexit, oui. Certains Ecossais sont même venus me voir pour s’excuser du vote de certains de leurs compatriotes (quand on parle de politesse..). Les choses sont un peu retombées depuis septembre, on est un peu dans le noir et l’incertitude.

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Alors il pleut tout le temps en Ecosse?

Mon premier trek – Lijiang et les Gorges du Saut du Tigre

Les routes des voyageurs au Yunnan ne sont pas très nombreuses, nos deux nouveaux compatriotes rencontrés à Shaxi suivent le même parcours que nous et se dirigent vers Lijiang, encore plus au nord, pour faire du trekking dans les Gorges du Saut du Tigre.

Rien que ce nom nous effraie. Et pourtant c’est bien pour faire ce trek que nous avions décidé la semaine précédente de ne pas nous rendre dans la jungle du sud du Yunnan. Le trek des Gorges du saut du Tigre est réputé pour ne pas être particulièrement difficile hors saison des pluies. Bien évidemment nous sommes en pleine saison des pluies, les chemins pierreux ont toutes les chances d’être trempés et glissants et la randonnée de devenir dangereuse. D’où notre hésitation. Mais nos nouveaux amis sont des habitués de la montagne qui grimpent les sommets depuis déjà quelques mois, ils sont en quelques jours devenus nos guides et nous nous fions totalement à eux. Alea Jacta Est, nous partons pour Lijiang avec la ferme intention de réussir ce trek !

  • Lijiang – ou les ravages de l’UNESCO

Lijiang surprend au premier abord par son climat : il pleut, il fait 20 degrés et je trouve enfin une utilité à mon jean et à mon sweat ! Puis on comprend vite que la vieille ville, celle qui a été classée au patrimoine de l’UNESCO en 1997 n’est plus vraiment une ville : il faut payer pour rentrer dans l’enceinte et payer cher. En effet toutes les maisons et les rues sont belles, préservées, une vraie ville où filmer des films chinois d’époque. Mais les maisons n’abritent que des commerces à touristes, et ces derniers sont légions. Une petite atmosphère de Disney Land règne sur Lijiang. Et on se demande si l’Unesco fait autant de bien qu’on le pense à ce qu’elle classe patrimoine mondial !

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Ce n’est pourtant pas une raison pour bouder la ville. Parce qu’elle est un carrefour inévitable pour ceux qui souhaiteraient continuer vers le Tibet, les lacs du nord ou le fameux trek des gorges. Comme partout en Chine on peut profiter de Lijiang dès qu’on s’éloigne des axes principaux. Et la ville devient admirable lorsqu’on se retrouve seul dans les rues, qu’on surplombe l’immense étendue de toits traditionnels depuis la grande pagode Wang Gu Lou, et surtout lorsqu’on se promène dans le parc de l’étang du dragon noir. Les chinois n’ont pas leur pareil pour trouver des noms fabuleux qui touchent l’imaginaire. D’ici on aperçoit le mont du Dragon de Jade encore enneigé malgré la saison. Mont du Dragon de Jade. On s’en rapprochera le lendemain en prenant la route pour les gorges.

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  • Les Gorges du saut du Tigre

2 jours. 5h/7h le Premier, 2h30 le Second.

3900m au-dessus des gorges les plus profondes de Chine. Des falaises qui plongent dans le précipice. Un chemin face à l’Himalaya. Nous y sommes. Les Gorges du Saut du Tigre, et deux jours de randos avec une halte au ¾ du trek dans une auberge de jeunesse.

Le début de la randonnée nous a assez déçues. Ca monte raide, pendant longtemps, c’est sympa mais sans plus. Nous avons du mal à respirer, la vue sur le Yangzi et les villages industriels en dessous ne fait pas rêver. Puis la forêt arrive et le plat avec elle. Un coca et c’est reparti. Il parait que la partie la plus dure de ce trek ce sont les 28 lacets qui emmènent au point culminant. Je ne pense pas être la seule à le penser : les 28 lacets ne sont pas plus durs que ceux d’avant, ils le sont même sûrement moins parce qu’on s’y attend. Mais à ce moment la rando devient vraiment sympa. On est dans la forêt, la vue sur les montagnes environnantes dépayse de plus en plus, et arrivés au sommet le panorama nous récompense largement. Il nous suivra durant tout le reste du trek !

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Après 6h de marche nous nous arrêtons dans l’auberge Half Way guest house. Un repas sur la terrasse face à l’Himalaya. What else ? Je ne me lasse pas de regarder, de prendre en photo ce paysage pour m’en imprégner, pour être sûre de bien m’en souvenir. Mais comment oublier ? La saison des pluies ne nous permet pas de voir les sommets, nous devons les deviner. Les nuages hantent cette région, la rendent plus mystérieuse, et je peux imaginer ce qui se cache dans ses montagnes qui mènent au Tibet. Quel moine y a trouvé retraite ? Quel alpiniste s’y est aventuré ?

Le chemin est effectivement boueux et glissant, je suis bien heureuse d’avoir fait les ¾ de la rando la veille car c’est bien la seconde partie du trek qui est la plus dangereuse. Il ne faut qu’un peu plus de 2h pour rejoindre l’endroit où les gorges sont le plus étroites, qui est également la fin du trek, là où les bus viennent rechercher les touristes (ceux qui ont fait le trek et les autres). Ce sont deux heures où nous craignons légèrement pour nos vies. Même si les chemins sont assez larges, il vaut mieux ne pas avoir le vertige. Mais le paysage est toujours à couper le souffle et on s’arrête régulièrement pour souffler, de fatigue, et d’émerveillement.

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Arrivées à Quiatou nous abandonnons nos comparses avec qui nous avons passé 5 jours, ils poursuivent le trek plus loin, vers Haba, dans l’espoir d’arriver au camp de base de la montagne du Dragon de Jade. Vu les conditions rien n’est s^rr alors on les abreuve de recommandations, bien conscientes que s’il leur arrive quelque chose nous serons les dernières à les avoir vus… (Rassurez-vous, il neigeait effectivement trop, et malgré les achats de matériels que nous avions faits à Lijiang, ils ont renoncé à leur ascension).

Ce que j’ai aimé dans le trek : on n’y est jamais seul ! Sans être une autoroute, en cette saison du moins, on trouve forcément des gens avec qui faire le trek, c’est rassurant et ça permet de trouver quelqu’un qui a le même rythme – je remercie d’ailleurs Clinton, backpacker Canadien qui était à mes côtés quand je me suis ENCORE fait une entorse au milieu de nulle part et qui avait avec lui les médicaments pour m’aider à finir le trek.

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Comment s’y rendre ?

Le plus simple est encore de demander à votre auberge à Lijiang. Des allers-retours sont organisés chaque jour. Vous pouvez soit faire le trek, soit prendre un bus pour suivre les Gorges avec la route – un trek à la chinoise en somme. Certaines auberges de jeunesse proposent de porter vos affaires jusqu’à Qiatou – la fin du trek – pour ceux qui souhaiteraient continuer leur route sans repasser par Lijiang. Par exemple si vous voulez aller à Shangri La. Arrivés à Qiatou un bus vous ramènera à Lijiang.

L’entrée dans le parc des Gorges du Saut du Tigre est payante, le parc est aussi classé au patrimoine mondial de l’Unesco.

Le point le plus resserré des gorges, là où on voit et on entend de très très près l’eau tonitruante, est lui aussi payant (vive la Chine).

Point matériel: Je n’ai pris qu’un sac à dos 20L qui suffisait largement pour y mettre une serviette microfibre, de quoi se changer, un vêtement de pluie – nécessaire en cette saison – et de quoi manger à midi.